A propos de Papus, par Albert Legrand

Portrait de Papus, rédigé par Albert Legrand, et publié en avant-propos de l'ouvrage « Sciences occultes ou 25 années d'occultisme occidental » de Philippe Encausse1.

Le docteur Gérard Encausse (Papus)

Le docteur Philippe Encausse m'a demandé d'écrire, en tête de son ouvrage, quelques lignes sur son père, le docteur Gérard Encausse (Papus).

Pour vaincre mon hésitation, Philippe m'a dit : Tu es l'un des derniers intimes de mon père ; il t'appartient donc d'apporter au vivant de l'Invisible le témoignage d'un vivant d'ici-bas. Il est vrai que, dans ma jeunesse, Papus m'a guidé, tel un Mage, vers l'Étoile.

Le livre Sciences Occultes aurait pu s'intituler « De la tradition scientifique à la Mystique chrétienne » ou « La vie d'un Chevalier des temps modernes ». L'histoire de Papus, en effet, retrace l'ascension d'un homme, des hauteurs de l'esprit aux sommets de l'âme.

L'Homme était simple, courageux, optimiste, ni bigot, ni bourgeois, aimant raconter des histoires drôles. Il y avait dans ses réparties tout le sel de Montmartre et toute la fantaisie du bon vivant qui apporte « quand même », dans les cas les plus tristes, le réconfort de l'acceptation du destin et la force de reprendre la lutte contre l'adversité.

L’Ami aidait tout le monde, de toutes les façons : argent, conseils, démarches, médicaments gratuits. Il pardonnait à ses ennemis et cherchait, à leur insu, à leur rendre service ; il avait le rayonnement du Soleil de l'Amitié.

L'Initié expliquait avec bonhomie à ses visiteurs de la rue Séguier ou de la rue de Savoie (en se servant d'un tableau noir pour schématiser sa pensée) la science des nombres, la clé de l'analogie, les mystères antiques, etc.

Ayant eu l'occasion de faire un séjour en Égypte et en Palestine, j'ai pu constater combien le sens intuitif de Papus était remarquable, surtout en ce qui concerne le Sphinx, les Pyramides, les Temples, les Légendes sacrées, la clé des Trois Septénaires et l'ésotérisme de la Tri-Unité.

Le Thaumaturge comptait, entre autres, de nombreuses guérisons à distance, simplement à la réception d'un coup de téléphone, d'une lettre ou d'une dépêche. Devant l'étonnement des uns, Papus disait : J'ai beaucoup d'Amis de l'Autre Côté, mais il y a l'Ami des Amis qui connaît tout et peut tout. On parle de Lui dans l’Évangile. Il est toujours vivant et toujours présent. Si on s'efforce de faire ce qu'il dit, on peut être certain que le nécessaire est fait pour chaque demande. »

Mon ami Émile Besson, secrétaire général de ces « Amitiés Spirituelles » fondées par Sédir, m'a raconté maintes anecdotes concernant Papus. Je ne mentionnerai que celle-ci : « En 1912, ma mère tomba dangereusement malade – Papus étant alors absent de Paris. Nous fîmes tout ce qui dépendit de nous, mais l'état de notre chère malade alla en empirant et, lorsqu'enfin il fut possible à Papus de venir la voir, elle était médicalement perdue. Il la soigna si bien qu'elle vécut encore 32 ans. Mais ce fut à ce moment-là que Papus m'annonça, deux ans et demi à l'avance, la mort de mon père qui était alors en parfaite santé. »

Le Mystique vivait sur un autre plan et recevait de l'Invisible de remarquables intuitions. Et cependant rien, de l'extérieur, ne pouvait indiquer la vie intérieure de Papus, sauf ses yeux si lumineux et son sourire si indulgent. Parmi les commentaires qu'il a consacrés à la vie spirituelle il en est un qui résume bien sa croyance mystique :

La prière est le grand mystère et peut, pour celui qui perçoit l'influence du Christ, Dieu venu en chair, permettre de recevoir les plus hautes influences en action dans le plan divin.

Papus eut un Maître spirituel – Monsieur Philippe – qui le tenait en particulière estime. Ayant passé quelques jours en Alsace avec Madame Philippe, j'ai eu le privilège de m'entretenir avec elle de la vie de son mari. Comme je lui rapportais quelques critiques des adversaires de Papus, elle me dit textuellement : « Philippe aimait beaucoup son ami Encausse, il le nommait le bon docteur et il était heureux de ses visites et de ses rencontres avec lui. Il parlait souvent de sa manière d'être et le citait en exemple pour sa générosité et son intuition ».

Albert LEGRAND
Bihorel-lez-Rouen, 21 mars 1949

Sources

  • ENCAUSSE Philippe, Sciences occultes, ou 25 années d'occultisme occidental, OCIA, 1949, pages 6 à 8.
  • L'Initiation, numéro 1 de 1996, pages 54 et 55 [Télécharger - Source : L'Initiation]

Notes

  1. ENCAUSSE Philippe, Sciences occultes, ou 25 années d'occultisme occidental, OCIA, 1949.