Allocution prononcée par Maria de Via-Lorenzo au cimetière du Père Lachaise, devant la tombe de Papus1 et de la famille Encausse, le dimanche 24 octobre 2021, lors de la cérémonie organisée par l’association « Le Cercle des Amis de Papus ».
Hommage à Papus
Nous allons évoquer Philippe Encausse et son père Gérard Encausse - Papus - et ses qualités d’homme de cœur et d’intelligence : probité, simplicité, maîtrise de soi, patience, et ses qualités d’initié à la mise sur le chemin vers le Beau, le Bon, le Vrai, du savoir et de la Connaissance, ainsi que de la Foi en Dieu.
« L’intelligence, chez Papus, était le reflet d’un mental exceptionnel qui dépassait sa grande érudition, laquelle est souvent le redoutable piège de ceux qui s’arrêtent sur le sentier. Sa pensée et sa vie étaient en syntonie : une action équilibrante entre la pensée, la parole et les actes ; il transmettait sa pensée par ses écrits, au-delà des illusions du temps, tendant vers l’éternel présent, qui chez lui n’était pas encore fini, même s’il partit trop tôt, à notre goût. Il cherchait non pas l’avoir, mais l’être, afin de réconcilier le Divin et l’humain quotidien ». D’ailleurs, souvent il donnait à un patient ce que d’autres lui avaient remis en juste paiement de ses services comme médecin. Le Service, chez lui, était la loi.
Réquisitionné pendant la Grande Guerre, il fut médecin-capitaine d’unité qui, sur le front s’occupait de ramener vers l’arrière garde les innombrables blessés, fussent-ils français ou allemands. Atteint par les gaz, il contracta une grave maladie pulmonaire. Retiré du front il continua à faire son devoir à Paris : aller visiter les blessés pour voir ceux qui pouvaient être appelés à remonter à nouveau au front. A cette époque, il n’y avait pas d’ascenseurs, et cela ne l’aida pas à se remettre sur pied. En même temps il ouvrait son cabinet de médecin. Parmi ses brevets, il y eut celui d’un transport de blessés sur un brancard de fortune monté sur deux baïonnettes. C’était un homme de terrain, plein de bon sens.
« L’hermétisme était pour lui la Voie et la Vie, qu’il fallait traduire en actes dans le quotidien. It fut toute sa vie, celle d’un cherchant ». Un cherchant dans la voie de l’Hermétisme, que Eliphas Lévi, son Maître posthume, avait baptisé Occultisme. Actuellement on préfère à Hermétisme : Esotérisme ou mieux, selon Antoine Faivre : esotéricisme.
Philippe, qui dédia toute sa vie à diffuser l’œuvre de son père, avait en grande estime la prière de Saint François d’Assise :
« Seigneur,
Faites de moi un instrument de votre paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est la discorde, que je mette l’union,
Là où est l’offense, que je mette le pardon,
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance,
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Faites, Seigneur, que je ne cherche pas tant d’être consolé que de consoler,
D’être compris que de comprendre, d’être aimé que d’aimer.
Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix. »
Voici quelques traits de la vie de Papus, ce papa tant aimé :
« Entre une religion d’Amour et d’efficacité, et la passivité et l’égoïsme d’autre part, il avait fait son choix. » Sa vie en témoigna. Voici donc quelques traits de la vie de Papus, afin que nous puissions mieux le connaître et prendre exemple sur sa conduite.
Sa thèse de médecine développait « L’Anatomie philosophique et ses divisons ». Voici ce qui arriva lorsqu’il présenta sa thèse pour valider ses études de Médecine :
Je cite : « Sa thèse fut soutenue brillamment le 7 juillet 1894 devant le Dr Mathias-Duval. Chamuel était venu voir son ami Papus soutenir sa thèse. Il avait conservé un souvenir très précis des paroles adressées à Papus par le Professeur Mathias Duval au cours de cette cérémonie : "Monsieur Encausse, vous n’êtes pas un étudiant ordinaire. Sur des sujets philosophiques et médicaux, et surtout sur des matières troublantes que je n’ai pas à apprécier ici. Sous votre nom ou sous un pseudonyme que vous avez rendu célèbre, vous avez écrit des ivre de haute valeur, et je suis fier d’être votre président de thèse". » Fin de citation.
La thèse de son fils, le Dr Philippe Encausse, suivit dans la même ligne : « Sciences occultes et déséquilibre mental ». Il entra dans le Ministère de la Santé et mit sur pied l’examen obligatoire des jeunes sportifs avant toute compétition. Il sauva ainsi des vies, sans avoir exercé comme médecin à proprement dire.
La mort subite de Papus plongea Jeanne, maman Jeanne, et son fils Philippe dans la dèche. Ils furent grandement aidés par deux des disciples de Maître Philippe de Lyon : le Dr Emmanuel Lalande, son beau-fils, plus connu sous le pseudonyme de Marc Haven et Monsieur René Sartiaux. Ils permirent à Philippe d’entreprendre des études suivies d’une formation de médecin. Papus n’avait pas suivi un cursus normal, tout occupé qu’il était à faire front à la fois à ses études et à ses livres et innombrables conférences. Oui, il était un homme extraordinaire et une âme comme on en fait plus. Le bien de ses semblables était son moteur.
Jésus n’avait-il pas mis l’expression « NOTRE Père… » au début de la prière qu’il avait enseigné à ceux qui lui demandaient : « Maître, apprends-nous à prier ». Pas « Mon Père » mais « NOTRE Père » ! Parce que tout est Un, et que ce qui est en bas est comme ce qui est en Haut » et « que ta volonté soit faite sur la terre comme dans les cieux ».
Dans ses ouvrages, Papus présentait souvent des écrits de ses amis aussi passionnés par le côté ésotérique de la science, ayant le soin de préciser leurs noms. Ainsi il faisait de deux pierres un coup ; il donnait à connaître des amis chercheurs comme lui, et illustrait ses propos avec leurs collaborations.
Papus devait conserver jusqu’à la fin de ses jours une grande reconnaissance et une profonde admiration pour celui qu’il appelait le « Maître intellectuel ». Saint-Yves d’Alveydre. Dans son Traité élémentaire de Science Occulte, il nous parle de lui en ces termes :
« Le Maître intellectuel est un homme aux cheveux blanc, dont la figure respire la bonté et dont l’être tout entier rayonne le calme et la paix de l’âme. Sa voie d’initiation fut toujours la voie de la douleur et du sacrifice. Il fut initié à la tradition occidentale par les centres les plus élevés, il fut aussi initié à la tradition d’Orient par deux des plus grands dignitaires de l’Eglise Brahmanique… Je pourrais poursuivre encore des pages et des pages sans atteindre le fond de cette science prodigieuse qui n’est telle que parce qu’elle est vivante, et qu’elle ne vit que parce qu’elle prend sa source dans le PRINCIPE DE L’AMOUR. »
Oui, Papus rencontra, ou plutôt fut appelé auprès de Nizier Philippe, connu comme Maître Philippe de Lyon, qui fut son Maître Spirituel.
Mais ceci est une autre histoire, que nous nous permettrons de rappeler l’année prochaine, si Dieu le permet.
Maria DE VIA-LORENZO
Extraits issus de « Papus, sa vie, son œuvre » par Philippe Encausse, éditions Pythagore, Paris, 1932 (épuisé), trouvé un dimanche matin à Barcelone, dans le marché de vieux livres, parmi ceux qui avaient échappé à la diligence du Général Franco.
Notes
- Pour trouver la tombe de Papus au Père Lachaise : descendre au métro Gambetta et entrer par la porte Gambetta (avenue du Père Lachaise). Une fois la porte franchie tourner à gauche et suivre la grande allée. A l'intersection des 89ème et 93ème divisions tourner à droite et remonter l'allée centrale en comptant 32 tombes (à main gauche). Passer entre la 32ème tombe (famille Aubert) et la 33ème (famille Beauvais), suivre la petite allée et l'on trouvera la tombe de Papus, à main droite, à la 38ème tombe.