La conjuration

Philippe Encausse a décrit, dans son ouvrage "Papus", les circonstances dans lesquelles Papus fut amené à entendre parler de Monsieur Philippe (en 1893 ou 1894). Croyant être envoûté par ce dernier, Papus tenta de se défaire par la magie de la prétendue emprise que Philippe avait sur lui, probablement en 18941. Philippe devait, peu de temps après, devenir le « Maître Spirituel » de Papus.

A propos de la providentielle rencontre entre Papus et M. Philippe

Admiratrice du Maître, ayant assisté à certains faits relevant du miracle, devenue une amie de la famille, Mathilde Theuriet2 ne tarissait pas d'éloges - et on la comprend ! - sur M. Philippe et engageait vivement Papus, encore célibataire, à l'aller voir...Mais, ici, je laisse la « parole » à Louis Marchand (1881-1965), l'un des fidèles et dévoués compagnons de Papus (auquel il fut présenté en 1897) et qui m'a donné connaissance de la curieuse anecdote suivante connue seulement d'une minorité de disciples de Papus et telle qu'elle fut relatée par Paul Sédir lui même :

« Gérard Encausse montra tout d'abord de la méfiance vis-à-vis de M. Philippe, cet inconnu mystérieux dont sa fiancée lui parlait sans cesse ! Saturé d'Eliphas Lévi, tout plein des conceptions magiques, des rites, des sociétés initiatiques, des sombres intrigues jésuitiques ou extrême-orientales, très fier de tenir en échec la Société Théosophique adolescente, il avait une certaine crainte de devenir le sous-ordre de quelqu'un. Gérard Encausse avait installé, dans sa mansarde de la rue de Strasbourg (près de la gare de l'Est), un cabinet magique poussiéreux et de bric et de broc, écrit Sédir. Un réflecteur d'occasion lui servait de miroir magique, et une vieille "cuiller à pot" (c'est le nom qu'on donnait au sabre d'abordage autrefois) était son épée magique. Il employait la magie des Bohémiens. Il se croyait donc en butte à des suggestions télépathiques de la part du Maître de sa fiancée ; cette opinion, ajoute Sédir, prouve combien il se méprenait sur le compte de cet ami de Dieu...

« D'une volonté forte, avec des dons de magnétiseur, Encausse avait déjà obtenu en magie des phénomènes remarquables.

« Il se propose donc de chasser l'inconnu et de le soumettre. Il trace son cercle, brûle le parfum, prend un de ces supports en bois blanc qu'on emploie pour soutenir les planches, le baptise à la bohémienne aux nom et prénoms de la personne en question, chante la conjuration et saisit son sabre pour, en brisant le morceau de bois, vaincre son soi-disant envoûteur. Encausse était à cette époque dans toute sa force, un véritable athlète... Il lève le bras, et son sabre lui est arraché du poing tandis qu'il s'écroule en pleurant. C'est, ajoute Paul Sédir, ce qu'il me raconta lorsque j'arrivai une demi-heure plus tard, comme à mon habitude. Depuis, et jusqu'en 1897, il fut silencieux sur M. Philippe. »

Source

ENCAUSSE Philippe, Papus - Le "Balzac de l'Occultisme", Belfond, 1979, pages 111 et 112

Notes

  1. Papus avait alors 29 ans.
  2. Mathilde Inard d'Argence, veuve Theuriet (1891) devait, ultérieurement (le 23 février 1895), devenir la première compagne de Gérard Encausse.